Brésil, je danse mon confinement

Article : Brésil, je danse mon confinement
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6 juin 2020

Brésil, je danse mon confinement

Ceci est le visage d'un enfant en confinement mais qui danse et chante sans savoir ce qu'il raconte
(Mon petit neveu, dans le salon)
Crédit photo : Carlile M. D. Cérilia

Le confinement au Brésil n’est pas chose facile. Le pays n’a jamais vraiment été confiné à vrai dire. Certains arrivent à bien gérer le confinement mais songent déjà à la vie normale. D’autres continuent d’avancer comme si de rien n’était malgré la Covid-19. Une danse à l’envers qui veut qu’on médite sur nos habitudes ; et qu’on danse en famille, quand ça frôle le fond !

On est samedi, 23 mai 2020. Je dors sur le canapé, chez mon frère Russel, à Curitiba ; c’est comme ça depuis que cette pandémie nous a poussé à nous confiner. Je ne sais pas encore quand l’université va rouvrir ses portes. C’est que, je suis un peu rouillé, à rester nuit et jour au même endroit. Moi j’aime quand je bouge !  

Dehors, la journée a plutôt bonne mine, plutôt prometteuse à cette époque où le froid arrive : 17 degrés, soleil chaud-tiède, brise forte agitant les branches au rythme de fatiguer les arbres. On a fermé les fenêtres car avec pareil vent, il semblait faire dans les 11 degrés au lieu de 17. 

Contrairement à nous, d’autres parcourent les rues, tentant de résister comme ils peuvent au monstre qui ne cesse de vouloir tuer tout le monde. C’est un monstre si subtil qu’il agit dans l’invisibilité. Et dans le silence ! Confinés comme on est, on est bien obligés de danser ensemble, il faut tenir le coup… même si nos relations se fragilisent avec le chiffre des morts qui augmente jour après jour. C’est une danse à l’envers, où chaque part de la société tente de rester sur la piste, vivant. Où, à chaque sortie, dans les rues, au travail ou au supermarché…, on risque de ramasser le truc et de le ramener à la maison !

Jetons un œil rapide sur une autre piste de danse…

En piste, on trouve, d’un côté, les gouvernements et les élites qui voudraient que les gens sortent déjà de leur confinement pour reprendre travail. Le tout en évitant les faux pas, bien sûr : masque, lavage des mains, distance sociale, test à la Covid-19, voilà ce qu’ils proposent. À leurs dires, l’économie n’en peut plus de souffrir à cause de ce maudis virus ! Sauf qu’ils n’arrivent pas encore à maîtriser le monstre. 

De l’autre côté, y’a la population, et elle, elle obéit. C’est ce qu’elle a l’habitude de faire ! Mais ceux qui mangent leur spaghettis le soir, complètement fatigués, au fond de leur canapé, et qui voient aux infos que le prédateur traîne encore dans les parages, ils pensent à la retraite plus tôt que prévu. Décision pas du tout facile à prendre ! Car le système ne peut pas continuer à rouler sans son énergie, sans sa force de travail. Et l’on sait que les États, ainsi que les élites, jusqu’à preuve du contraire, savent comment maintenir ces travailleurs fatigués bien motivés !

On bouge grave en famille !

Maintenant, éloignons-nous un peu de toute cette pression. Toutes ces rivalités bizarroïdes entre classes sociales, entre gouvernement et coronavirus, entre nous et le confinement, digne de nous gâcher un bel après-midi ensoleillé. Oublions un peu tout ça l’affaire d’un instant ! Prêts à passer à autre chose !? Venez ! Je vous invite à la maison. Je vous invite à terminer la journée dans la danse !

Chez mon frère, on vit à cinq. Non ! On est confinés à cinq plutôt. C’est mieux de le dire ainsi, je crois. On est : mon frère et sa femme Rose, un ami, mon petit neveu de 176 semaines (Russeswelt), et moi. 

Durant la semaine, mon frère travaille à la maison un vrai chanceux celui-là ! Le soir, il regarde Netflix avec sa femme. Notre ami, lui, est toujours coincé derrière son Smartphone. Souvent, quand j’écris tard, j’entends ses conversations dans le profond silence de la nuit, j’entends sa voix grave. Mon petit neveu, lui, est tout le temps en train de regarder des dessins animés quand il ne m’attaque pas avec sa bicyclette. Il me fonce droit dessus, avec un large sourire sur le visage. Parfois il crie bien fort dans toute la maison, irritant ses parents qui doivent se concentrer sur autre chose… Je l’encourage à crier, car je pense que c’est un excellent moyen, pour lui, d’évacuer la frustration d’être coincé à la maison pendant tout ce temps.

Un après-midi, on a voulu changer la routine. Envie de changer d’ambiance. C’était le week end, un excellent moment pour danser. Comme toutes les portes et les fenêtres étaient fermées, on a mis le volume au max. Du Hip Hop. Russel, moi et mon petit neveu, on baignait dans ce grave son afro américain sans passer par la guerre des Gangs. On bougeait n’importe comment sur la musique. À un certain moment, mon petit neveu s’est mis à chanter les paroles des musiques sans même savoir ce qu’il disait. On l’a encouragé, mon frère et moi. Il était si sérieux mais tellement mignon. On a ri tout l’après-midi, et on a dansé notre confinement à l’américaine.

Voilà ! On vient de passer une belle après-midi. J’espère que vous avez pu danser avec nous ! Si la Covid-19 vient nous faire danser la danse de la mort, de la peur et du confinement, nous, on peut lui apprendre à danser celle de la solidarité et de la victoire. À nous de choisir, soit la suivre, soit l’affronter humainement et dignement. Alors, allons-y, en piste !

Carlile Max Dominique Cérilia
 




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